Guarnerius, l’autre Stradivarius  Un joyau de la lutherie sous le feu des enchères  Le vendredi 3 juin 2022 à Neuilly-sur-Seine (92)  Vente aux enchères publique
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Article N°26296

Guarnerius, l’autre Stradivarius Un joyau de la lutherie sous le feu des enchères Le vendredi 3 juin 2022 à Neuilly-sur-Seine (92) Vente aux enchères publique

Le vendredi 3 juin 2022, la maison de ventes Aguttes présente ce rarissime violon qui appartient, depuis plus de vingt ans, à Régis Pasquier, et l’a accompagné dans les plus prestigieuses salles de concert à travers le monde.

Aucun violon Guarnerius n’est passé en vente depuis plus de 10 ans, et aucun Guarnerius de la période intermédiaire, âge de pleine maturité du luthier, n’a été acquis en salle des ventes au XXIe siècle.


Cet instrument, complet en toutes ses parties principales, se présente avec un magnifique fond d'une pièce en érable ondé. La table d'harmonie, de deux pièces, est en épicéa à pores fins et réguliers. La tête et les éclisses sont en érable à ondes moyennes et régulières, et le vernis de couleur brun orangé sur fond or. Mesure sur le fond : 351 mm Estimation : 4 / 4,5 millions €

 « Nous sommes reconnaissants d'avoir le privilège de proposer cet instrument exceptionnel et de poursuivre son histoire en lui trouvant un nouveau propriétaire »

Florent Boyer, expert

Première fois qu’un Guarnerius de la période intermédiaire passe en vente au XXIe siècle

Fabriqué en Italie en 1736 par le légendaire Bartolomeo Giuseppe Guarnerius dit « del Gesù », ce rarissime instrument, qui appartient au grand violoniste Régis Pasquier et qui passe en vente chez Aguttes le 3 juin 2022, provient de Crémone, berceau de la lutherie. Le bois ancien offre un son d’une qualité unique parce que l’instrument s’est oxydé au fil du temps : il y a une sorte de vibration qui trouve son chemin dans le morceau de bois. Grâce à cela, les années bonifient l’instrument, comme le bon vin. Le « Pasquier » appartient à la période intermédiaire qui contient certaines des œuvres les plus attrayantes du prestigieux luthier, et pour la première fois depuis le début du XXIe siècle, un Guarnerius, datant de la période de pleine maturité du luthier (17330-1740), sera proposé aux enchères. En outre, cela fait plus de 10 ans qu'un violon de ce célèbre fabricant n'est pas passé en salle des ventes.

Comparaison avec un Stradivarius

Bartolomeo Giuseppe Guarnerius, dit « del Gesù », et Stradivarius s’imposent comme les deux plus grands luthiers de tous les temps. Contemporain et grand rival d’Antonio Stradivarius, Guarnerius marque sa production de IHS (Iesus Hominem Salvator) et d’une croix grecque tréflée. Ses premiers instruments connus produits indépendamment datent des années 1720, mais son étiquette IHS n'apparaît qu'en 1731. Les années 1730 représentent l'apogée de sa carrière et de son savoir-faire. « Le Roi Joseph de 1737 » en constitue, en particulier, un témoignage fort, et ses instruments ultérieurs présentent les qualités les plus caractéristiques de sa vision unique.

Plus de 1 000 instruments de Stradivarius nous sont parvenus, et quelque 150 seulement pour Guarnerius. Ce dernier réalisa des violons, et un violoncelle. En outre, Guarnerius, né en 1698, vit sa carrière s’arrêter dès 1744 alors que celle de Stradivarius, né en 1644, se termina en 1737, et le violon proposé aux enchères date du milieu de la carrière de Guarnerius, période intermédiaire.

La qualité et la rareté de ses instruments ont entraîné des prix de vente à plusieurs millions de dollars américains. Cet instrument, complet en toutes ses parties principales se présente avec un magnifique fond d'une pièce en érable ondé. La table d'harmonie, de deux pièces, est en épicéa à pores fins et réguliers. La tête et les éclisses sont en érable à ondes moyennes et régulières, et le vernis de couleur brun orangé sur fond or.

Stradivarius et Guarnerius produisent des sons très différents, presque incomparables : les violons du Gesù conservent leur douceur mais possèdent une profondeur et une noirceur de son inégalées que certains joueurs préfèrent. En effet, une grande partie de sa renommée posthume repose sur Paganini, qui considérait le « Cannon de 1743 » comme son instrument le plus cher.

Un certificat de Charles Beare, « l'authentificateur le plus estimé au monde » selon le New York Times, accompagne le Guarnerius de Régis Pasquier.

Rencontre entre Régis Pasquier et le « del Gesù » : une véritable révélation

Régis Pasquier ​joua le « del Gesù » en public, pour la première fois, aux Folles Journées de Nantes, il y a plus de vingt ans, dans un Double Concerto pour violon et violoncelle de Brahms avec Truls Mork au violoncelle, retransmis en direct sur Arte.

Sa rencontre avec l’instrument datait de la veille seulement ; Régis Pasquier se remémore la véritable révélation que fut pour lui la puissance sonore exceptionnelle du « del Gesù », lors de la séance de test à la Salle Gaveau parmi une sélection de 8 violons célèbres : au moment du contact entre l’archet et les cordes, la résonance de la caisse en bois s’avéra tout de suite différente et projetait le son considérablement plus loin, offrant ainsi la possibilité de le jouer dans de très grandes salles. « Cet instrument sonne tout seul ; il offre une résonance exceptionnelle », selon le musicien. L’artiste s’en émerveille encore aujourd’hui : « Quelque chose d’extraordinaire sortant d’un si petit instrument ! ». L’auditoire avait pu noter chaque test, et notre instrument reçut de loin la meilleure note. Immédiatement conquis, le violoniste s’assura du soutien de son épouse qui l’encouragea à l’acquérir. Il décida de le jouer en concert dès le lendemain sans se donner le temps d’apprivoiser l’instrument, tant l’osmose avec le violon apparaissait comme une évidence.

 Un violon qui a fait le tour du monde

Prodige du violon, Régis Pasquier a parcouru avec son « del Gesù » le monde entier pendant plus de 20 ans. Nombre de scènes de renom international – Carnegie Hall (New York), Suntory Hall (Tokyo), Théâtre Cólon (Buenos Aires), Opera House (Sydney), Guangzhou Opera House (Canton), Grand Théâtre (Québec), Théâtre des Champs-Elysées, Opéra Garnier, Salle Pleyel... - ont accueilli ce grand violoniste et son fidèle compagnon, qui ont donné en moyenne 70 concerts chaque année.

On retrouve au disque ce même rayonnement du violon de Régis Pasquier, avec lequel ont été enregistrés, aux côtés d’illustres partenaires, tant des grands concertos - Mozart sous la direction de P. Bartholomée, Saint-Saëns sous la direction d’A. Lombard, Tchaïkovski sous la direction d’E. Leducq-Barôme - que du répertoire de musique de chambre - Sonates de Beethoven avec Jean-Claude Pennetier qui ont valu aux deux musiciens une Victoire de la Musique, Trios de Tchaïkovski/Chostakovitch et Trios de Rachmaninov avec le Trio Pasquier Pidoux Pennetier, Sonates pour piano et violon de Debussy et Fauré aux côtés d’Emmanuel Strosser, Sonate de Poulenc avec Emile Naoumoff...

 Certains de ces enregistrements font même intervenir plusieurs instruments d’exception : ainsi les concertos de Mozart ont été enregistrés tour à tour sur un violon Montagnana, un Stradivarius et le « del Gesù » ; l’enregistrement des sonates de Beethoven, qui s’est déroulé sur une longue période, faisait, quant à lui, intervenir un Stradivarius et le violon qui passera en vente le 3 juin 2022.

 Dès son acquisition par Régis Pasquier, le « del Gesù » contribue, grâce à une sonorité incomparable, aux critiques élogieuses :

 « Au-delà de la performance technique, Régis Pasquier a privilégié le lyrisme souriant ou chaleureux de ce concerto, la bravoure de son allegro, le cantabile expressif de l’adagio avant de donner libre cours au thème volubile du rondo final (...) le 17ème caprice pour violon seul permettant d’apprécier encore davantage la sonorité du Guarneri del Gesù de Régis Pasquier »

L’Alsace, J. Mona – février 1998

Et ce, au concert comme au disque, tout au long des années suivantes :

 « …Régis Pasquier a joué… avec une virtuosité d’antan, une grande ampleur, un son généreux et onctueux qui flottait dans l’espace avec puissance et qui se projetait avec aisance… »

Sydney Morning Herald, Peter McCallum - Novembre 2003

 « Le soliste déploie (...) la chaleureuse sonorité de son Guarneri del Gesù »

Diapason 2008 - à propos du concerto de Tchaïkovski

 Un autre monstre sacré est réputé avoir joué ce violon, avant Régis Pasquier, pour un concert : David Oïstrakh, l’un des violonistes les plus illustres du XXe siècle !

 Un violon d’exception pour un artiste d’exception

Âgé de 14 ans, Régis Pasquier est déjà invité comme soliste pour une tournée aux côtés des plus grands orchestres américains.

Né à Fontainebleau, le jeune prodige reçoit son premier violon à 4 ans. Lorsque son père lui offre un premier violon en fer, le petit Régis l’aplatit avec un marteau car l’instrument ressemble trop à un jouet. L’enfant souhaite un véritable instrument : ce que ses parents, qui enseignent à l’époque à l’École d’art américaine de Fontainebleau, finissent par lui offrir.

Avec une dérogation, Régis Pasquier entre au Conservatoire de Paris dès l’âge de 9 ans pour en sortir à 12 ans avec un Premier prix de violon et de musique de chambre. Sa rencontre avec deux artistes de légende, Isaac Stern puis Zino Francescatti, marque considérablement sa carrière. C’est à ce dernier que Régis Pasquier doit son entrée dans la prestigieuse agence de concerts américaine Columbia Artists Management Inc., ce qui l’amène à parcourir les États-Unis pendant 20 ans, sollicité en tant que soliste par l’ensemble des grands orchestres nord-américains : il se produit sous la direction des chefs les plus prestigieux, en premier lieu Lorin Maazel, avec lequel il réalise une grande tournée aux Etats-Unis, mais également Georges Prêtre, Leonard Bernstein, Alain Lombard, Michel Plasson, Jean-Claude Casadesus. Parmi ses partenaires de musique de chambre figurent Isaac Stern, Mstislav Rostropovitch, Menahem Pressler, Leonard Rose, Jean-Pierre Rampal, Murray Perahia, Paul Tortelier...

 « … Triple exercice de virtuosité pour Régis Pasquier salué du titre de  meilleur violoniste du monde » par Michel Plasson après l’Introduction et Rondo Capricioso de Saint-Saëns joué plus de 5 fois d’affilée lors du Concours international de direction d’orchestre de Besançon (L’Est républicain)

Le choix délicat d’un violon ou la quête de l’idéal sonore

Jeune, le violoniste travaille généralement un instrument courant, mais guette déjà un violon de niveau supérieur. Plus tard, il est fréquent que le musicien possède deux ou trois violons, tout en continuant à en rechercher un plus beau, meilleur. C’est ainsi que, presque fatalement, il se dirige vers des instruments anciens qui s’avèrent difficiles à trouver…

Cette quête de l’instrument parfait est aussi celle d’un idéal sonore, clé de la plénitude pour l’artiste.

Contrairement à un pianiste qui change d’instrument à chaque concert, le violoniste joue quasiment toujours le même :

« On vit, jours et nuits, avec son violon, et on le connaît dans ses moindres recoins. »  Régis Pasquier

La voix de son maître, ou l’héritage d’Isaac Stern

Sur France Musique, Régis Pasquier confiait au micro de Judith Chaine, le 1er mars 2022 : « J'ai eu une rencontre que je qualifierai de foudroyante, celle avec Isaac Stern ».

Le violoniste américain posséda également deux violons du même auteur que celui dont Régis Pasquier se sépare aujourd’hui. L’un des plus illustres représentants de la première génération de musiciens entièrement formés aux États-Unis, Isaac Stern joua notamment deux Guarnerius, le « Vicomte de Panette de 1737 » qui appartient aujourd’hui à Renaud Capuçon, puis l' « ex-Ysaÿe de 1740 ».

C’est Isaac Stern qui enseigna à Régis Pasquier la matière sonore ou l’art de créer un son. Profondément marqué par le son chaleureux et puissant de son maître, Régis Pasquier recherchait une filiation avec cette sonorité lorsqu’il joua tour à tour un Stradivarius puis un Montagnana, avant d’acquérir le « del Gesù » dont le timbre et la force de projection le séduisirent immédiatement.

 Violon et transmission : désir de le voir joué par la jeune génération

En se séparant de son violon, Régis Pasquier s’inscrit avant tout dans une démarche de transmission à l’attention de la jeune génération. Il lui tient à cœur d’offrir aux jeunes musiciens d’aujourd’hui la possibilité de prendre le relais, en découvrant l’instrument et en contribuant à leur tour à la diffusion de son potentiel sonore exceptionnel qui a déjà traversé les siècles. Toute une histoire de transmission !

Certes un violon de la qualité du « del Gesù » constitue en soi un bel objet d’art mais il existe, avant tout, pour sonner ; Régis Pasquier insiste d’ailleurs sur le rôle important des collectionneurs, grâce auxquels des instruments uniques nous parviennent et peuvent être joués par les plus grands.

Ainsi l’artiste estime qu’il faut un certain respect à un instrument tel que le « del Gesù », et il est temps, pour Régis Pasquier, de passer le témoin et de le confier à un musicien qui continuera à faire vivre cet instrument.

 Pour se préparer à cette douloureuse séparation, Régis Pasquier fait actuellement connaissance avec un magnifique violon de la plus belle fabrication française, datant de 1800. L’artiste souligne que la fusion s’exerce entre le violoniste et son instrument.

« Il y a une intimité entre le musicien et son violon : l’objet va produire votre expression, votre voix. »  Régis Pasquier

 


Informations pratiques

Exposition sur rendez-vous : du lundi 30 mai au jeudi 2 juin 2022

Vente aux enchères publique : le vendredi 3 juin 2022

Aguttes - 164 bis avenue Charles-de-Gaulle - Neuilly-sur-Seine

Expert : Serge et Florent Boyer, luthiers et experts près de la Cour d’Appel de Paris
 


 

À PROPOS D’AGUTTES

Aguttes est la 4e maison de ventes aux enchères en France. Sans actionnariat extérieur, elle jouit également de sa position de première société indépendante. Fondée à Clermont-Ferrand en 1974 par Claude Aguttes et maintenant dirigée avec deux de ses filles – Philippine Dupré la Tour et Charlotte Aguttes-Reynier, elle est composée aujourd’hui d’une équipe de 60 personnes qui constitue sa qualité première.

Avec une salle des ventes internationale située dans l’ouest parisien et des bureaux de représentation à Bruxelles, Lyon et Aix-en-Provence, la maison se distingue par son service personnalisé et sa réactivité. Ses experts en interne permettent la valorisation et la vente de grandes collections françaises, de tableaux, d’objets, de bijoux et d’automobiles exceptionnels. Avec sa force de frappe en communication et ses acheteurs à 70 % internationaux, elle atteint régulièrement des records mondiaux.

En 2018, la maison dépassait la barre symbolique des 50M€ d’adjudication, résultat jamais atteint par une maison de vente indépendante en France (il y en a plus de 400). En 2021, elle totalise 77,5M€. Cette croissance s’articule autour des valeurs inchangées de transparence dans l’intermédiation, de discrétion, de rigueur et d’audace. Au service de ses vendeurs avant tout, Aguttes se positionne à présent comme l’alternative française aux leaders du marché de l’art international.

 


Source Le petit Studio / Aguttes

Lien :https://www.aguttes.com/

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